2005-2015, dix ans après le référendum sur la constitution européenne

Le 29 mai 2005 se tenait dans notre pays un référendum posant la question suivante : « Approuvez-vous le projet de loi qui autorise la ratification du traité établissant une constitution pour l'Europe ? », dont le résultat fut la victoire du « non » avec 54,68 %, soit pratiquement 15 millions 500 000 voix, pour un taux d'abstention d'à peu près 30 %.

Le 29 mai 2005 se tenait dans notre pays un référendum posant la question suivante : « Approuvez-vous le projet de loi qui autorise la ratification du traité établissant une constitution pour l'Europe ? », dont le résultat fut la victoire du « non » avec 54,68 %, soit pratiquement 15 millions 500 000 voix, pour un taux d'abstention d'à peu près 30 %.

Nous avions alors formulé une thèse simple à comprendre aujourd'hui de par sa clarté, et pourtant absolument marginale alors : le « non » représenterait une partie de la bourgeoisie tout autant que le « oui » ; à la modernisation et au « post-modernisme » de la bourgeoisie pro-européenne s'opposait le protectionnisme et le conservatisme de la bourgeoisie la plus agressive.

Ce que nous avons formulé politiquement alors s'est avéré tout à fait juste ; la grille de lecture historique du matérialisme dialectique a montré sa validité : la victoire du « non » a a bien correspondu au renforcement massif du social-chauvinisme et le développement du Front National.

Notre compréhension des contradictions sociales dans notre pays a été correcte. A l'inverse, l'extrême-gauche considérait que la victoire du « non » ouvrait une époque nouvelle ; elle pensait qu'elle se renforcerait considérablement, que les luttes de classe allaient se développer de manière considérable.

Il n'en a rien été, et pour cause. Si l’État français, bourgeois par essence, a proposé un référendum, cela ne pouvait que refléter une contradiction au sein de la bourgeoisie, avec un bataille de chaque fraction de la bourgeoisie pour mobiliser les masses en leur propre faveur.

Le rôle de l'extrême-gauche anarcho-trotskyste a été de faire passer pour une avancée de la « révolution », une « défaite » de la bourgeoisie, ce qui n'a été en réalité que le renforcement d'une partie de la bourgeoisie contre une autre.

Notre analyse annonçait de manière limpide ce que allait être par la suite justement la ligne de Marine Le Pen. Dans notre appel à boycotter le référendum, il était pour nous établi que :

« Une partie de la bourgeoisie française ne croit pas en l'Europe unifiée. Elle pense que des pays comme la Grande-Bretagne, l'Italie ou l'Espagne sont des chevaux de Troie de l'impérialisme américain. Elle pense la même chose de la Turquie.

C'est pourquoi elle privilégie une Europe des nations, un partenariat privilégié de la France avec l'Allemagne et la Russie, et pas une constitution qui empêcherait l'impérialisme français de faire ce qu'il veut, notamment en Afrique.

La fraction de la bourgeoisie impérialiste qui préfère cette option soutient le non de Le Pen, De Villiers, etc. Elle s'allie aux classes moyennes, en disant à celles-ci qu'elles ont tout à perdre de l'unification européenne qui donnera le pouvoir aux grands monopoles européens, et tout à gagner à une alliance brutale avec les monopoles français (…).

La vérité c'est que chez les partisans du « non », les intérêts des classes moyennes petites-bourgeoises dirigent toute l'orientation politique.

Le discours nationaliste, dans le climat actuel d'antisémitisme et de racisme massif en France, traverse ainsi tout le discours du « non », avec des concepts comme la république, la souveraineté nationale, bref tout le bric à brac de ceux qui voudraient bien être des Napoléon, des De Gaulle ou des Pétain.

Alors que faire ? Est-il possible de soutenir le « non » populiste et plébéien dominé par l'idéologie de la frange droitière des classes moyennes ? Non, cela n'est pas possible. »

Loin de renforcer les luttes de classe, la victoire du « non » a fini d'anéantir idéologiquement et culturellement la classe ouvrière. Le protectionnisme et le chauvinisme devenaient des valeurs « refuges », ouvrant l'espace politique ouvrier tout d'abord à Jean-Luc Mélenchon, puis à Marine Le Pen.

Scellant sa rupture avec la classe ouvrière, le Parti Socialiste et l'extrême-gauche anarcho-trotskyste basculaient dans le post-modernisme et les valeurs d'ultra-gauche.

La grande rébellion d'une partie de la jeunesse populaire dans les banlieues en novembre de la même année s'est retrouvée alors totalement isolée, étant disqualifiée politiquement par la gauche et l'extrême-gauche, amenant son effondrement et par conséquent le renforcement sans pareil par la suite des courants religieux poussés par une fraction de la petite-bourgeoisie.

Il est facile de voir qu'on ne saurait comprendre la France de 2015 sans voir la signification du référendum sur la constitution européenne en 2005.

Ce qui était alors à faire, en allant à contre-courant de cette tendance historique, c'était pas moins que reconstruire l'idéologie communiste dans notre pays, analyser les fondements économiques et culturels de notre pays, établir les bases pour la construction d'un Parti Communiste authentique.

Les faiblesses existant alors devaient se transformer en leur contraire, par la production d'une base portant les fondements du matérialisme dialectique et de son application concrète dans notre pays.

 

C'est pourquoi, nous affirmons dix années après le référendum sur la constitution européenne :

 

Face aux fractions bourgeoises « post-moderne » et fasciste, affirmons la défense de la culture et de la civilisation !

Développons le thème de la démocratie populaire comme régime rompant avec les monopoles !

 

Parti Communiste de France (marxiste-léniniste-maoïste)

Mai 2015

 

http://lesmaterialistes.com/pcf-mlm-declaration-71-2005-2015-dix-ans-apr...

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