fêtes fin d’année /la peine capitale en Iran

Encore une fois, un être humain risque d’être exécuté en Iran. La nouvelle effrayante ne surprend plus : le pays traverse une période où les citoyens risquent la peine de mort pour la moindre charge, aussi infondée soit-elle. Les chiffres sont bien plus parlant pour se rendre compte de l’état catastrophique des droits de l’homme : l’année 2010 s’achève avec 200 cas d’exécutions officielles[1]. Il y a moins d’une semaine, 11 prisonniers étaient exécutés à Zahedan, une décision que les organisations internationales de défense des droits de l’homme ont qualifié de « vengeance, en aucun cas de justice[2] ». La nouvelle de cette exécution imminente au Kurdistan n’est pas vraiment surprenante étant donnée la politique de répression que le gouvernement iranien mène depuis des lustres dans cette région. Le monde entier se souvient encore des noms d’Ehsan Fatahian[3], de Farzad Kamangar, de Shirin Alam Hooli et de trois autres militants kurdes exécutés l’an dernier en Iran. Et aujourd’hui c’est la mémoire tragique de ces exécutions qui est sur le point de refaire surface, non pas dans nos souvenirs, mais bien devant nos yeux avec l’exécution d’un autre militant kurde se trouvant dans les couloirs de la mort.
Habibollah Latifi est un jeune étudiant de 28 ans, également militant, originaire du Kurdistan. Il a été arrêté le 23 octobre 2007[4]. Il a été emprisonné dans une cellule d’isolement pendant 4 mois au cours desquels il a été torturé par ses interrogateurs. Le 3 juillet 2008 était tenu un court procès au tribunal révolutionnaire de Sanandaj. Accusé d’être un mohareb (combattant à l’encontre de Dieu), il a été condamné à mort. Son procès s’est tenu à huis clos sans famille ni avocat pour l’assister et encore moins le défendre. La sentence était basée sur quelques versets du Coran, un chapitre d’un ouvrage de l’ayatollah Khomeiny ainsi que les amendements 183, 186, 190 et 191 du code pénal de la République islamique.
Selon les dernières nouvelles en provenance d’Iran, les autorités judiciaires auraient informé son avocat, M. Saleh Nikbakht que la sentence était définitive et que l’application de la peine était prévue pour le dimanche 5 Dey (26 décembre).
M.Nikbakht avait auparavant fait part de ses inquiétudes devant les média. Selon lui, si la sentence venait à être définitive, la seule chance pour y échapper serait de demander la tenue d’un nouveau procès, initiative déjà prise par des avocats, mais n’ayant pas abouti. En dehors de cette voie, la seule issue serait la demande de grâce.
L’exécution imminente de Habibollah Latifi nous rappelle des situations que nous connaissons bien et dont nous sommes familiers. La répétition régulière de cette situation tragique ne la rend pas plus supportable et n’enlève rien à son horreur ; elle accroît notre responsabilité. Tant qu’existe l’espoir de sauver une vie humaine, aucun effort n’est vain. Nous appelons donc les défenseurs des droits de l’homme à nous rejoindre ; nous appelons les organisations internationales de défense des droits de l’homme ainsi que les autorités judiciaires à pousser les autorités iraniennes à ne pas procéder à cette exécution et à abolir la peine capitale à travers tout le pays.

[1]  http://www.rahana.org/archives/32610
[2]  http://www.amnesty.org/en/news-and-updates/11-hanged-iran-following-suicide-bomb-attack-2010-12-21
[3]  http://www.bbc.co.uk/persian/iran/2009/11/091111_he_fattahian_executed.shtml
[4]  http://www.bbc.co.uk/persian/iran/2010/05/100509_l42_iran_executions.shtml